Arche de livres et le déluge!
Par : Amin ZAOUI
(Publié dans le quotidien LIBERTÉ du jeudi 5septembre 2013, ma chronique hebdomadaire SOUFFLES)
Le déluge ! Chaque temps à son déluge ! Chaquepays aussi. Les Livres sacrés, ont tous conté la même histoire du déluge, celuide Noé, à chacun son édition rajoutée.
Je ne vous parle pas de ce déluge rapporté par Moïs,par Jésus ou par Mohamed (que le salutsoit sur les trois frères ennemis !). Je vous parle du déluge algérien. Etparce que l’heure de chaque déluge est prescrite par le Ciel. Annoncée à travers des signaux célestes. EnAlgérie l’heure de déluge s’approche. En signe de cette Heure, les algériens,tous les algériens, regardent leurs montres et hâtent le pas vers nulle part. Enbon citoyen, qui aime son pays et apprend par cœur Kassamane, moi aussi j’ai regardé ma montre. Etj’ai remarqué que ses aiguilles avancent dans le sens inverse. Marchent de droite à gauche. Comme dans le sens del’écriture arabe ! (Juste rappeler aux roumis que l’arabe s’écrit dedroite à gauche). Et leur rappeler aussi que la langue arabe est la langue de l’au-delà.Même Barack Obama, Moshe Dayan, Mao Tsé-toung, Hemingway, Bokassa, De Gauleet même Abdelmalek Sellal … parleront un jour, le jour dernier, l’arabe. Langued’Allah. Donc quand les aiguilles des montres bougent de droite à gauche cecidit : c’est el kiyyama, l’apocalypse ! Là je commence à comprendrepourquoi l’Algérie dès les premiersjours de l’indépendance, a imposé l’arabisation. C’était pour réserver, à sescitoyens égarés, des places au paradis. Pour leur assurer du travail entant que guide touristique, dans le monde de l’au-delà,auprès de ces Kouffars mécréants qui ne connaissent pas l’arabe. C’est l’Heure qui devance l’Heure du délugealgérien. J’ai rejoins mon lit, tôt. Et j’ai commencé à cogiter. Je me vois en Noé. Et voilà le Seigneur quidescend de son baldaquin me demandant de me préparer pour confronter le délugeinévitable qui menace notre Algérie. J’ai construis une barque. Et j’aicommencé à établir la liste de ceux que je porterai sur monarche. Je commence par choisir des livres que je sauverai de l’eau qui commenceà monter. Pas de livres religieux sur mon embarcation. Beaucoup de sang a étédéversé au nom des religions. Les guerres sale-sacrées. J’embarque les livres de poésie même si Monsieur Sellal n’est pas d’accord ! Et des romans. J’ai choisi ma liste : diwanEl Amir Abdelkader, Diwan SiMohand U M’hand, l’Iliade de l’Algérie de Moufdi Zakariya, Chants pour le11 décembre de Bachir Hadj-Ali, Citoyens debeauté de Jean Sénac, Le soleil assassiné de Myriam Ben, Éclationsde Ahmed Hamdi, Ce que voit le cœur nu de Ayache Yahiaoui, La Toupie etl’échelle de Ahcène Mariche, Noces d’eau de Achour Fenni, Oran, échelle 31 deYoucef Merahi… L’âne d’or d’Apulée, Nedjma de Kateb Yacine,Le vent du sud de Abdelhamid Benhadouga, L’As de Ouattar, Habel de Mohamed Dib,je t’offrirai une gazelle de Malek Haddad, La répudiation de Boudjedra, À quoirêvent les loups de Yasmina Khadra, le Village de l’allemand de Boualem Sansal,la mémoire de la chair de Ahlem Mostaghanemi, Club des pins de Rabia Djelti, Virgulesen trombe de Sara Haidar, Lesbavardages du Seul de Mustapha Benfodil, Le Café de Gide de Hamid Grine, Minotaure504 de Kamel Daoud, Cet amour-là de Habib Sayeh, Cartographie dudésir nocturne de Bachir Mefti, le songeur de Samir Kacimi, Tagrest urghu « La tempête de neige » de Amar Mezdad et…
J’ai vu le déluge algérien, et j’ai été fier de sauver deslivres qui eux seuls, sauverons l’espècehumaine algérienne en colportant son histoireà travers l’Histoire.
A.Z.
aminzaoui@yahoo.fr

AMIN ZAOUI avec l'écrivain SLIMAN AIT SIDHOUM à la Comédie du livre Montpellier 2013
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